Carddass Dragon Ball. Trois mots qui sonnent doux aux oreilles. Trois mots qui font ressurgir tout un tas de souvenirs d’enfance et qui continuent, encore aujourd’hui, à déchainer les passions de par le monde et à vider encore davantage ce pauvre compte en banque qui rit jaune (non je n’ai pas dit gilet jaune).

Bandai, à l’origine de cette collection de plus de trente ans (la première édition étant sortie en 1988), ne s’attendait pas forcément à un tel engouement (quoique…), et surfera sur la vague de l’argent facile, en sortant au fil des années une multitude de rééditions plus ou moins réussies.

En effet, les Carddass, s’il fallait encore les présenter, retracent la chronologie des sagas Dragon Ball, Dragon Ball ZDragon Ball GT et plus récemment  Dragon Ball Super. Quarante parts principales (en comptant les deux spéciales sur le film Broly), des milliers de cartes vendues à des centaines de millions d’exemplaires à travers le monde et des millions de collectionneurs (anciens ou nouveaux), conquis par cette politique de Bandai et avides de découvrir toujours plus de produits Dragon Ball, l’œuvre du cultissime Akira Toriyama, le papa de notre manga préféré (en quarante-deux tomes).

L’aventure commence en 1988, lorsque la filiale Carddass voit le jour, dans le but de se diversifier dans le domaine des jeux pour enfants. Bandai n’est pas seul sur le marché, puisqu’Amada (un autre acteur très connu des cartes au Japon dans les années 90), propose lui aussi ses propres cartes à l’effigie de nos héros (PP Cards ou Pull Pack Card). Cependant, le mode de distribution des Carddass étant beaucoup moins chaotique que celle des PP Cards (une meilleure diffusion sur le territoire nippon, des white box pour les Carddass contre des sachets attachés à une ficelle pour les PP et une plus faible quantité) fait que le public Japonais se tournera plus naturellement vers les petites protégées de chez Bandai.

Carddass first edition (1988)

On commence donc en novembre 1988 avec la part 1 des Carddass qui reprend naturellement le début de la saga Dragon Ball. Bandai distribue ses cartes sont forme de white box, box blanche de deux-cents cartes chacune. Deux types de white box étaient disponibles :

  • les box vingt yens où les deux-cents cartes étaient mises dans une vending machine et où l’on devait tourner la molette de la machine en échange de vingt yens ;
  • les box cent yens, avec deux-cents cartes reparties en quarante petits paquets de cinq cartes, entourés d’un cerclage transparent et vendus cent yens le paquet.

En sachant que le tome quinze sort le mois suivant, Bandai n’aura de cesse de sortir ses parts de manière industrielle et toujours en white box (environ quatre parts par an jusqu’en 1997), et aura le champ libre pour proposer screenshots de l’animé ou visuels plus travaillés. D’autres collections annexes verront le jour comme les Super Battle en 1991, les Super Barcode Wars en 1992 ou les très appréciées Visual Aventure en 1991 pour ne citer que les plus connues.

DB90 et DB91 (1990/1991)

Fort de tous ces succès, Bandai se frotte les mains et commence à passer du côté obscur du business. En effet, pour permettre au plus grand nombre de gouter aux joies des Carddass et pour coller davantage à la nouvelle maquette (commencée avec la part 5), la firme commence à rééditer les quatre premières parts en 1990 et 1991 (que l’on appellera DB90 pour les parts 1 et 2 et DB91 pour les parts 3 et 4). Leurs spécificités seront de proposer uniquement quatre prismes par part (contre six habituellement, les deux autres étant de simples regs) et d’intégrer à chaque part des cartes inédites (six pour les DB90 et sept pour les DB91). Même si cela n’a l’air de rien et que dans le fond, le choix de proposer une maquette en adéquation avec la part 5 est tout à fait justifié, on entrevoit à ce moment-là les rouages de ce qui deviendra par la suite un véritable rouleau compresseur en termes de rééditions.

Carddass Half (1992)

En 1992, Bandai continue sur sa lancée et sort les Carddass Half, littéralement « moitié de cartes ». En effet, pour faire passer la pilule auprès des collectionneurs, la firme Japonaise propose des cartes plus petites faisant en dimension la moitié d’une Carddass. Là encore, les quatre premières parts sont rééditées pour la seconde fois en à peine deux ans. Les parts 5 à 8 sont également de la partie et l’on observe trente-cinq mini cartes inédites numérotées de EX01 à EX35.

 

Carddass Special Asia, espagnoles et françaises (1993/1994/1995)

Deux ans passent et Bandai décide en 1994 de sortir une collection pour la marché chinois : les Special Asia. Elles reprennent les visuels des prismes des parts 1 à 14 des Carddass japonaises, ainsi que deux visuels inédits en version prisme et regular pour chacune des parts. Leur dos est très reconnaissable et tranche radicalement avec celui de leurs grandes sœurs japonaises. Comme pour les DB90/91, certaines prismes deviennent de simples regulars. Nous ne sommes pas à proprement parler en face d’une réédition, mais plus à l’ouverture logique du marché de la Carddass à l’international. Marché qui s’exportera d’ailleurs en occident avec les Carddass espagnoles (qui étaient déjà sorties un an plus tôt avec l’équivalent de la part 3 en 1993) et avec les Carddass françaises qui reprendront les visuels de la part 16 jusqu’à la part 26 de 1995 à 1997.

Carddass Mini Mini (1995)

Non, ne rigolez pas, ce nom est bien celui d’une collection Carddass. En 1995, pour les plus timbrés des collectionneurs, Bandai sort les Carddass Mini Mini, une collection dont les cartes font la moitié de la taille d’une Carddass Half et donc quatre fois plus petites qu’une Carddass traditionnelle. Quatre-vingt quatre cartes qui reprennent les parts 1 et 2 des Carddass.

Carddass réédition (1995)

Fin 1995. La dernière part de la série animée Dragon Ball Z (part 25) sort au Japon. Pour capitaliser sur le côté nostalgique et permettre aux nouveaux collectionneurs d’acquérir des cartes de meilleure qualité, Bandai décide de rééditer les quatre premières parts des Carddass, avec deux parts de rééditions, la première qui comprend les deux premières parts et la seconde qui reprend les parts 3 et 4. Quelques modifications mineures au dos seront apportées pour les différencier de la 1st edition. Le recto quant à lui reste inchangé. En cinq ans, Bandai nous aura donc gratifié de quatre rééditions (DB90/91, Carddass Half, Carddass Mini Mini et rééditions 95).

Le calme avant la tempête (1996-2008) et les Carddass Snack (2006)

La fin du manga Dragon Ball en mai 1995 marque un ralentissement des sorties Carddass. Les Carddass GT (parts 26 à 30) sortiront jusqu’en 1997 et une part commémorative aux Carddass et aux Super Battle, les The Complete Collection of DRAGONBALL in CARDDASS ou vulgairement appelées Tokubetsudan, parachèveront de bien belle manière la fin des années 90. Il ne sortira pas grand-chose pendant plus d’une décennie, avec comme exception en 2006 les Carddass Snack. Trois parts de trente cartes chacune qui reprennent des visuels des parts 9 à 14 et qui étaient vendues en boosters avec des snacks. Seule la zone scouter change (teintes orangées).

Retour aux affaires : les Complete Box 1 et 2 (2008 et 2009)

L’année 2008 marque le retour en force des Carddass avec l’arrivée des Complete Box. Pour marquer l’arrivée de Dragon Ball Kai, Bandai décide de sortir une Complete Box reprenant les parts 1 à 4 (encore elles), le tout dans un coffret contenant un classeur (rouge), une Jumbo, quatre cartes inédites (les quatre Shin), ainsi qu’un livret explicatif. C’est un échec. Fort de son succès il y a plus de dix ans, Bandai n’avait pas une seconde imaginé que les collectionneurs bouderaient littéralement ce comeback prometteur. Une grande quantité d’invendus leur restera sur les bras, tant et si bien que pour la Complete Box volume 2, un système de précommande eut lieu pour un maximum de dix-mille pièces fabriquées. Cette dernière sortit le 16 septembre 2009 au Japon et comprenait les Carddass parts 5 à 8, un classeur (bleu), quatre cartes inédites (les quatre Shin), ainsi qu’un livret explicatif. Bien heureux ceux qui possèdent cette relique.

Les Fukkoku Edition et Fukkoku Design Edition (2015/2016/2017)

Il aura fallu attendre six ans et l’arrivée de Dragon Ball Super pour que Bandai s’en remette et nous ressorte une énième réédition Carddass.  Confiant de par le succès sur le petit écran de l’animé Dragon Ball Super, Bandai sort en décembre 2015 les Fukkoku Edition. Cent trente-deux cartes qui reprennent les visuels des parts 1 à 8, mais avec un système différent : en effet, seules seize cartes par part (les six prismes de chaque part et dix regulars) sont sélectionnées, soit cent vingt-huit cartes. Les quatre cartes restantes étant les B-1, B-2, B-7 et B-8 des DB90 et DB91. L’effet prisme est lui aussi différent et de moins bonne facture que ce que l’on avait l’habitude d’avoir. La qualité des cartes est aussi revue à la baisse : les cartes sont beaucoup plus souples, les dessins flous et mal détourés. Le mode de distribution a lui aussi changé puisqu’il n’est plus question de white box mais de boosters box (vingt boosters de six cartes) ou de black box (quarante paquets de quatre cartes pour les vending machines).

En 2016, pour continuer sur la lancée des Fukkoku Edition, Bandai sort les Fukkoku Design Edition (comme quoi rajouter un mot change tout). Deux parts sortiront. La première, fin 2016, qui reprend les parts 9 et 10 et la deuxième, début 2017, avec les parts 11 et 12. Là encore la qualité n’est pas au rendez-vous. Absence de foil mark brillante, prismes très fines, floues et ternes. Le mode de distribution reste inchangé : en vending machine ou en boosters box. Mention spéciale à cette part 2 qui, en plus d’être merdique, ne te complète pas le full en une seule booster box (il manque une prisme à chaque fois, du fait que la prisme numéro 500 a été rééditée en deux prismes simples et non en double prisme).

En trois ans, Bandai aura réussi à souffler le glacé et le médiocre, là où vingt-cinq ans auparavant, il excellait de par la qualité de ses cartes et de ses visuels.  Le succès de Dragon Ball Super a définitivement fait prendre conscience à Bandai qu’il pouvait vendre tout et n’importe quoi aux collectionneurs, du moment que cela était estampillé Dragon Ball. Un nombre considérable de collectionneurs ont déploré le manque d’implication et la piètre qualité des différentes collections sorties ces dernières années. Est-ce que Bandai les a entendus ?

Les trente ans des Carddass

Fin 2018, pour fêter les trente ans de la collection, Bandai décide de sortir un coffret en carton (tout ce qu’il y a de plus sobre) avec une sélection des trente-deux meilleures prismes Carddass des parts 1 à 25, ainsi que cinq mini displays (carton qui présente la part en question). Le résultat est là encore très décevant, puisque les prismes sont très fragiles et de mauvaise qualité, l’effet prisme est à vomir et trop criard. Les cartes sont là encore floues. Petit détail s’il en est, l’année d’édition au dos des cartes a disparu.

On se rend compte à ce moment-là que les leçons du passé n’ont pas été retenues et que de toute façon, pourquoi les retenir puisque les collectionneurs (j’en fais partie) continuent à acheter ?

Les trente ans verront également sortir deux parts commémoratives de Super Battle, avec trente-deux cartes prismes et cinq mini displays pour la part 1 et trente-trois cartes prismes (dont deux inédites) et cinq mini displays pour la part 2. Là encore, même constat qu’avec les Carddass, c’est moche et de mauvaise qualité, mais on achète quand même.

De 1988 à 2018 (soit trente ans), Bandai aura donc réédité huit fois la collection Carddass, et jamais entièrement :

  • DB90 et DB91
  • Carddass Half
  • Mini Mini Carddass
  • Rééditions 95
  • Carddass Snack
  • Complete Box 1 et 2
  • Fukkoku Edition et Fukkoku Design Edition
  • Carddass 30ème anniversaire

On voit, dans ces différentes tentatives, une volonté d’argent facile au détriment de la qualité (surtout depuis les Fukkoku en 2015 et la hype de Dragon Ball Super).

Et pour la suite

Le 9 mai 2019, on apprend par Bandai qu’une neuvième réédition Carddass va voir le jour pour fin septembre 2019. Il sera question de Carddass Premium Set, une box qui reprendra les parts 1 à 4 avec un classeur, des feuillets pour ranger les cartes ainsi que deux cartes inédites. L’objet sera uniquement disponible en précommande au prix de 12 000 yens, ce qui permettra à Bandai d’optimiser au mieux les quantités produites. Les précommandes sont ouvertes jusqu’au 11 juillet.

La question est : faut-il acheter ou passer son tour ?

Plusieurs réponses possibles :

  • pour ceux qui débuteraient dans la collection (et c’est bien eux le cœur de cible), la box peut offrir un bon compromis. Plus la peine de chercher des full sets, puisque la box vous en procurera et en parfait état ;
  • pour ceux ayant raté les Complete Box 1 et 2 en 2008/2009 : cela peut faire de beaux objets de collection ;
  • pour ceux ayant peu d’attrait pour les rééditions et qui préfèrent n’avoir que du first edition : passez votre chemin.

Cela étant, il faut souligner que la box est à 12 000 yens (la Complete Box volume 1 était à 9 980 yens et la volume 2 à 10 500 yens). On ose espérer qu’à ce prix-là, la qualité sera au rendez-vous. Le mot « premium » est aussi important car il renvoie à une notion de qualité comme avec les feuillets Carddass Premium (au niveau de la qualité de fabrication et pas forcément en termes de qualité de visuel).

On est très proches du mode de distribution des Complete Box de 2008 et 2009. On sait aussi qu’en termes de box, Bandai n’en est pas à son premier coup d’essai puisqu’il a déjà un passif, notamment avec les Complete Box parts 31 à 38 et la box special Broly. Si la popularité est au rendez-vous,  on peut espérer une réédition de l’ensemble des Carddass, en huit box (chose qui n’a jamais été faite auparavant).

Pour conclure, je dirai que Bandai a par le passé réédité plusieurs fois la collection des Carddass, parfois en mal et parfois en bien, et qu’il a aujourd’hui l’opportunité de faire ce dont tout bon collectionneur rêverait : rééditer une part Carddass digne de ce nom, tout en conservant les bonnes idées de la première édition et en proposant par petites touches des cartes inédites ou autres joyeusetés en tout genre (classeur, Jumbo, livret special…). Wait and see?.

Et comme le dit ce proverbe persan : « Peu à peu, la laine se transforme en tapis ». On croise les fi… doigts.

3 thoughts on “Les Trente Glorieuses de la Carddass”

  1. Une merveille d’article !!
    Toujours un plaisir de lire tes articles, passionné mais toujours relativement objectif !

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